Lady Gaga est un caillou

Lady Gaga est un caillou

« Un caillou parmi d’autres »

Tout le monde pense la connaître. Tous ont la certitude qu’ils pourraient la reconnaître. Dans un supermarché, dans un bar, au coin d’une rue. Le monde réel, pour ainsi dire. Mais non. Absolument personne ne la connait. Personne ne la reconnaitrait. Parce que la voix de Lady Gaga dans ses morceaux, c’est le monde virtuel. C’est du faux. Du toc. Ça ressemble à un bijou, ça a la texture d’un bijou, mais ce n’est qu’un caillou.

Ce peut être joli, un caillou. Plein de nuances, plein de couleurs. Ça a des faces polies par le temps, douces au toucher, et par ailleurs, des arrêtes qui entaillent, qui font saigner. N’importe, par ce contraste, cette beauté, il a de quoi se défendre. Et donc, se vendre. Mais ce n’est qu’un caillou.

C’est toute l’histoire de la voix de Lady Gaga. Ou plutôt de la voix synthétisée par un logiciel de conversion après avoir été raffinée par un ordinateur prenant en charge ses filtres vocaux. Car c’est tout le problème de la chanteuse : elle vend de la contrefaçon de talent. Elle n’est pas la seule. En revanche, elle est la seule à le faire en ayant pourtant un talent à l’origine. Et cela déçoit. D’une déception équivalente à celle du professeur qui se rend compte que son élève surdoué a préparé dans sa trousse des antisèches dont il n’a pas besoin. Cela n’empêche pas la voix de Lady Gaga d’être un argument commercial de premier ordre. Mais ce n’est qu’un caillou.

Un caillou parmi d’autres, en plus. Un caillou dans l’air du temps. Et au XXIème siècle, avec l’évolution de l’informatique, robotiser une voix, la mixer, la synthétiser, la calibrer, c’est tendance. Cela a redéfini la pop, en un sens. Pourtant, Lady Gaga sait chanter. Quel dommage qu’elle ait suivi le mouvement. Car sa voix, au naturel, malgré le voile sec qui la recouvre, est d’une pureté qui charme. Maintenant, est-ce que Lady Gaga a plastifié sa voix par conviction musicale ? est-ce qu’une voix déguisée reste une voix légitime ? il y matière à débattre. Reste que sa voix ressemble à un bijou, a la texture d’un bijou, mais n’est jamais qu’un caillou.

Jérémy.

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